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ne seigneur, généreux et beau, un peu mystérieux, de vive et fière allure ! Pourtant, comme elle aussi se trouvait désormais liée par la reconnaissance… à la vie et à la mort, comme on venait de l’avouer.

Jean regardait Paule. Sans peine, il lisait sur la claire physionomie de la jeune fille, les sentiments complexes à qui l’agitaient.

« Petite Paule, patience, patience… lui dit-il. Marc et moi, nous venons de céder à notre vive émotion… Vous la comprenez au moins ? finit-il d’un ton taquin.

— Seigneur, répliqua Paule, avec des larmes de dépit dans la voix, vous pouvez vous moquer de moi, si bon vous semble, mais je me garderai de m’en plaindre. Je vous dois trop pour cela. »

Jean redevint sérieux. « Paule, ne m’en voulez pas. Je badinais. Vos yeux, voyez-vous, m’expriment si bien ce que vos lèvres taisent… Mes amis, voici que je demande, ce que j’exige presque, de votre amitié : une discrétion absolue, en paroles, comme en attitudes, sur certains rôles que vous me verrez bientôt jouer, à la ville et à la cour. Il ne faudra jamais me questionner, ni ne témoigner aucune surprise, quoi qu’il arrive. Je pourrai faire de longues ou de courtes absences. Je pourrai frapper à votre porte, ou la nuit, ou le jour, vous me recevrez toujours sans un mot, sans un geste, sans un reproche dictés par la curiosité. Que je sois vainqueur ou vaincu, blessé ou bien portant, vous m’accueillerez avec les yeux confiants et sympathiques d’aujourd’hui. N’est-ce pas que c’est là vous faire de bien étrange façon, un