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rentrée en grâce. Jean n’osait y croire. Il se frottait vivement les yeux. Il criait tout haut : « Je dors, je dors… gare au réveil ! »

Mais tout cela était bien réel. Les mois d’expiation de Jean avaient été jugés suffisants.

Durant encore plusieurs jours, Jean demeura agité… inquiet. Puis, tout à fait rassuré, il se remit à peindre. Joyeux et reconnaissant, il s’appliqua à reproduire sur la fresque, avec beaucoup de grâce et de vérité, les divers épisodes qui avaient marqué son séjour chez les gnomes. Il se disait que, son travail terminé, il aurait plaisir à l’offrir au tendre petit monarque, certain d’y avoir mis le meilleur de son talent et de sa pensée créatrice. Il fallait se hâter cependant. Jean se doutait que d’autres événements se préparaient.

Un après-midi, ô joie, pinceaux et palette glissèrent de ses mains. Avec un grand cri, Jean se précipita aux genoux de ses professeurs. Ils accouraient enfin auprès de lui. Les fronts brillaient de bonheur, les mains se tendaient affectueusement vers lui. On le releva bien vite. Les gnomes dansèrent autour de leur élève, durant quelques minutes, une ronde fantastique et folle.

Quelle réunion inoubliable ! On pleura un peu. On rit beaucoup, et de si bon cœur. Les mauvais jours étaient passés. Aucune allusion ne fut faite, on pense bien, sur les tristes châtiments subis. Dès que l’émoi de tous fut calmé, le gnome favori de Jean prit la parole : « Petit, écoute bien et agis en conséquence. Tu vas revêtir les habits de satin blanc que nous t’avons apportés. Tu vas nous suivre. Notre roi t’attend avec impatience. Ton repentir sincère a tout effacé de sa mémoire, et il te rend son estime. Demain, lui-même t’armera, chevalier, et tu auras de nouveau entre les mains ta belle épée à la garde ciselée. Un