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et la toute mignonne Perrine, qui ne quittait qu’endormie sa tante aimée avec une passion farouche, oui, seule cette sollicitude, expliquait l’attitude parfois distraite, parfois songeuse, parfois si profondément triste de la jeune fille.

Comme Perrine l’avait pensé, les premiers jours de septembre virent reparaître Charlot, avec son fils Pierre, un bambin de trois ans, délicieux, vif, remuant, qui semblait la réduction physique parfaite de son père. Mêmes yeux bruns, aux regards quêteurs d’affection, très volontaires aussi, lorsqu’un désir y pointait. Seulement, il paraissait plus robuste que ne l’avaient été son père et sa mère. Et quelle affection, le père lui portait ! Il supportait difficilement de le voir hors de son rayon visuel. Il accordait tout ce que demandait l’enfant, haussant les épaules si sa sœur lui reprochait de céder ainsi devant chaque caprice qui passait par cette petite tête fertile. « Je désire que mon fils sente quelle place il tient dans ma vie », disait-il… puis il ajoutait : « Qui sait si je pourrai longtemps l’entourer ainsi… » mais ceci prononcé plus bas. Le jeune mari toujours inconsolable, le colon, si durement éprouvé, en son corps peu robuste, par ses deux captivités chez les Iroquois, ne se faisait guère illusion sur la durée de sa vie. Qu’il se sentait las parfois ! Comme une toux persistante, qu’il soignait mal l’avertissait que la moindre condition défavorable en ses habitudes de vie lui serait funeste. Il n’envisageait avec nul effroi la mort. Ne vivait-il pas, depuis