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froy avait dû même apporter ses raquettes pour le trajet du retour. Elle ne pouvait beaucoup s’attarder. La tempête allait devenir terrible dans quelques heures.

Perrine, que tenaient la surprise, la joie et un certain émoi du cœur qu’elle s’expliquait mal, en gardait les joues toutes roses. Elle ne ripostait qu’avec peine à son amie, les yeux, absents, l’oreille hantée par quelques phrases agréables, ou mystérieuses, soit de son frère, soit du capitaine de Senancourt.

Enfin, elle se retrouva seule dans sa chambre, libre de reprendre de nouveau la lecture de certaines pages du journal d’André. Quelle surprise lui avaient causée les confidences journalières de son mari, assez brèves, mais pleines de sens, d’humour, et parfois d’une étonnante élévation de pensée. Il écrivait mieux qu’il ne parlait… Un moment, un court moment, Perrine se demanda pourquoi elle ne lisait aucune parole d’effusion à son sujet… Qu’était-elle en ce moment pour André ?… Mais tout aussitôt, confuse, comme si le regard du jeune homme s’était posé sur elle, elle s’avouait que tout était bien ainsi ; que, par une sorte de délicatesse, André avait préféré ne rien confier à ces papiers… Mais tout de même, sans clairement se l’avouer, la jeune fille était légèrement déçue.