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— IV —

LA FUITE



LA nuit s’annonçait belle. La lune, très brillante, répandait sa clarté sur tout ce bourg d’Ossernenon, qui venait d’être témoin d’un si pénible, si sanglant petit drame. Kinaetenon, à l’intérieur de sa tente où couvait un bon feu, demeurait debout, les bras croisés, contemplant Charlot qui gisait sur sa natte. Cette victime de la barbarie de sa sœur reprenait peu à peu conscience, grâce aux tendres soins de l’Algonquine. Bien qu’impassible, en apparence, Kinaetenon montrait un front barré de plis profonds. Son intelligence, un peu lente, mais froide et sûre, se livrait à un travail sérieux de combinaisons et de ruses. Il était clair que Charlot ne pouvait plus demeurer à Ossernenon. Il y allait de sa vie tout autant que de celle de l’Algonquine. Le moment était venu de sauver son ami français coûte que coûte, ainsi qu’il en avait fait la promesse à la radieuse femme blanche, sa sœur, qui avait pris tout son cœur, là-bas, aux lointaines Trois-Rivières, et qu’il ne reverrait sans doute plus, jamais, jamais.