Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans bouger.

— Mais, ma sœur… n’ignore pas… Cet enfant… il peut mourir.

— Non, je ne l’ignore pas. Oui, il va sans doute mourir.

— Lis-en-Fleur !

— Partez. Laissez-nous. Que peut bien vous faire cette vie qui s’en va ?

— Ma pauvre petite ! Non, non, je ne puis le croire. Encore une fois ce n’est pas vous qui parlez ainsi… Mon amie, j’on appelle à votre cœur, aidez-moi à sauver cette créature, bien innocente, allez, du mal qu’on vous a fait.

— Il ne sera pas malheureux, cet enfant, d’aller rejoindre l’âme de ses ancêtres… Il souffre depuis le premier jour où ses yeux ont vu la lumière… Et moi, moi, grâce à sa mort qui me donnera si peu de mal à laisser venir, je tiens ma vengeance, ma vengeance !

— C’est bien. Demeurez là, pauvre cœur égaré ! Votre âme, hélas, est devenue trop dure. Mais vous avez tant souffert… Je vais faire tout ce que je pourrai à votre place. Je suis un peu médecin, vous savez, à l’exemple de tous ceux qui ont vécu longtemps dans les bois. »

Charlot s’était éloigné tout en parlant ainsi. Il avait aperçu un peu d’eau qui bouillait dans une marmite oubliée, sur un tas de cendres encore fumantes. Il vida l’eau dans un pot de terre, puis revint près du lit. Il vit alors l’Algonquine debout, près de l’en-