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(suite et fin)

VIII

UNE NOUVELLE LETTRE DE PERRINE


Charlot voyait s’écouler juin avec une désespérante lenteur. La lutte qu’avait subie son cœur contre lequel étaient venus se liguer sa raison, les conseils d’esprits d’élite, la sagesse expérimentée des religieux qui l’aimaient et le protégeaient, avaient peu à peu miné sa constitution débile. Il avait dû s’aliter quelques jours avant l’arrivée du Père Antoine Daniel. Le bon Jésuite à son arrivée, le 22 juin, avait consenti à une longue entrevue avec le convalescent. Il lui avait révélé la présence, à la mission de Saint-Joseph, de la jeune Algonquine qu’il aimait. Il la comptait parmi ses catéchumènes. Mais Charlot ne pouvait plus s’attendre à la trouver docile aux projets qu’il nourrissait à son égard. La bonne petite Algonquine comprenait, bien que son cœur en eût souffert, certes, qu’elle ne devait plus songer à son frère blanc, si loin, si loin d’elle maintenant, mais épouser et aimer l’un de sa race. Même ce mari futur existait déjà. Alors, pourquoi Charlot irait-il bouleverser tous ces cœurs ? Pour les uns l’oubli viendrait ou du moins l’apai-