Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Perrine s’apercevait fort bien de l’affection grandissante de Jean Amyot pour elle. Elle l’acceptait en souriant. Son esprit délicat jugeait que ce sentiment comblerait un peu le vide de cette existence d’orphelin. Cela seul, d’ailleurs, l’avait rapprochée de l’interprète. Elle se promettait d’être pour lui, aux heures essentielles, une sœur aimante et dévouée. Et Amyot ?… Amyot aussi, ne croyait qu’à un attachement fraternel, très paisible. Ah ! tous deux, ces beaux et sains enfants de la forêt, ne savaient guère où mène parfois le cœur, avec sa logique particulière, si déconcertante.

Jean Amyot était d’une nature spontanée, vive, frémissante. En quête continuelle d’action, il ne le cédait à personne en fait de vaillance, d’adresse, de témérité même parfois. On lisait cependant, sur son intelligente physionomie, une heureuse intervention du bon sens réfléchi. Peut-être la douce figure de saint Joseph, gravée avec art sur la garde de l’épée du jeune homme, expliquait-elle mieux que tout la réserve que s’imposait souvent ce cœur ardent de vingt-cinq ans ?

Charlot prenait maintenant une excellente position de combat. On voyait à une petite distance, à gauche, causer et rire le groupe bienveillant des spectateurs. Normanville se plaça en arrière de Charlot. Il tenait à commander le feu. Eh ! l’interprète se prenait malgré lui au jeu. Il s’irritait d’un échec… possible, après tout. Voyant Charlot tenir son pistolet dans