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— Pour ma part, je ne t’en veux pas, Marie, je t’assure. Je me sens trop heureuse à la pensée que je vais revoir à l’instant le père Jogues. La bénédiction de notre doux martyr me porte toujours bonheur.

Amyot se pencha vers la jeune fille. « Ralentissez un peu le pas, voulez-vous, Perrine ? J’ai enfin obtenu du Père Buteux une copie de la lettre du père Jogues. Vous savez, cette émouvante missive, qui a bouleversé d’émotion M. de Montmagny lui-même, lors des préliminaires des Conseils pour la paix.

— Vraiment, Jean ? Oh ! vite, vite, laissez-moi lire cette acception d’un trop héroïque voyage.

— Voici, Perrine ». Et Jean Amyot tendit un mince papier. Elle n’était ni très longue, ni très élaborée la lettre qu’avait écrite de ses pauvres mains mutilées le père Jogues, mais elle contenait des caractères d’écriture aussi élégants que ceux d’autrefois. Il avait une merveilleuse calligraphie ce Jésuite très humble, mais fort instruit…

Perrine dut essuyer souvent ses yeux embués de larmes en lisant les quelques lignes suivantes :

Au père Jérôme Lalemant, supérieur.
« Mon Révérend Père.

« Croiriez-vous bien qu’à la lecture des lettres de Votre Révérence, mon cœur a été comme saisi de crainte… La pauvre nature qui s’est souvenue du passé a tremblé ; mais Notre-