Page:Daveluy - À l'école des héros, 1931.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— I —

UNE PROMENADE ET SES INCIDENTS

(Suite)


Visiblement, elle voulait fuir. Mais sans forces réelles, elle retomba, et bientôt s’affaissa de nouveau entre les bras de Perrine.

Kinætenon haussa les épaules et s’éloigna de quelques pas. Sur un signe de Perrine, Charlot le suivit en compagnie de René Robineau et des deux Hurons. On se mit à causer discrètement en tournant le dos. Kinætenon ne se mêla pas à la conversation. Il resta silencieux, les yeux fixés sur le lointain horizon. Songeait-il à son village iroquois, là-bas, et aux siens quittés depuis longtemps déjà ? Bien vivement, la vue de cette femme, échappée, il n’en avait aucun doute, à la vengeance de ses frères, devait lui rappeler son wigwam, tout enveloppé le soir, de fumée bleue, tandis que sur le feu, grillait doucement la chair de l’orignal ? Il y vivait solitaire et heureux dans ce pays au climat plus clément que celui-ci ! Oui, il y était heureux ! Car nuls yeux d’azur, nulle chevelure de lumière n’y avaient encore troublé son repos !… Ici, oui ici, tout cela avait changé pour le malheureux Kinætenon… À deux pas de lui, froide, indifférente, hostile