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de la flotte, venait deux fois la semaine faire le tour de nos remparts, rester des heures en plein feu, pour donner à nos hommes une leçon de tenue ? Cette leçon, nous en avions tous besoin à ce moment-là… Voilà la vérité, mon cher… ne vous tracassez donc pas pour des foutaises. Vous êtes un excellent officier, que nous aimons, que nous estimons tous. Allez la tête haute, et surtout souvenez-vous : il n’y a pas de gros chagrin qui tienne, ici on ne peut mourir, on ne doit mourir qu’en combattant et face à l’ennemi.

— Je m’en souviendrai. Merci, mon commandant.

Il s’essuya les yeux et sortit.