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poussière de leurs mansardes et de leurs escaliers à ferrures des parcelles d’or fin et de bois précieux. Entrez dans ces allées étroites, gravissez ces escaliers tristes ; par les portes entr’ouvertes sur chaque palier, vous apercevrez sous la lampe à schiste, autour d’un maigre feu, des femmes, des enfants qui travaillent. Un peu de laiton, un peu de colle, du papier doré, du velours, et c’est assez, malgré la misère et le froid, pour fabriquer du bout des doigts, presque sans outils, par l’adresse et l’ingéniosité seules, ces menus objets « jolis et bien faits », comme disent en vous les offrant les camelots : pierrots, danseurs, papillons qui battent des ailes, merveilles de quatre sous, joujoux de pauvres fabriqués par des pauvres, en qui se marque le goût si fin, si bon enfant, de cet étonnant peuple parisien.

En racontant mon livre tout haut, comme c’est ma manie alors que je le construis intérieurement, je parlai un jour à André Gill, le dessinateur-peintre qui était de tout point un artiste, de cette petite Delobelle, telle que j’étais en train de l’écrire ; il m’avertit