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j’hésitais entre le Creuzot et Indret. Ce dernier me décida par la vie fluviale, la Loire et le port de Saint-Nazaire. Ce fut l’occasion d’un voyage et de bien des courses pendant l’été de 1874. Amenant là mon petit Jack, je voulais savoir dans quelle atmosphère, avec quels êtres j’allais le faire vivre. J’ai passé de longs moments dans l’île d’Indret, couru les halls gigantesques pendant le travail et aux heures plus impressionnantes du repos. J’ai vu la maison des Roudic avec son petit jardin ; j’ai monté et redescendu la Loire, de Saint-Nazaire à Nantes, sur une barque qui roulait et semblait ivre comme son vieux rameur, très étonné que je n’eusse pas pris plutôt le chemin de fer à la Basse-Indre ou le vapeur de Paimbœuf. Et le port, les transatlantiques, les chambres de chauffe visitées en détail, m’ont fourni les notes vraies de mon étude.

Pour ces excursions, j’étais presque toujours accompagné de ma femme et de mon petit garçon, — je n’en avais qu’un, à cette époque, — un joli gamin à boucles fauves, promenant dans ces milieux divers ses éton-