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naît bien à leur titre : La vie à l’hôpital. Ceux qui ont lu ces courtes pages dans une éphémère feuille médicale, le Journal d’Enghien, n’ont pu certes se douter qu’elles avaient été écrites sur un grabat, et dans quel effort, quelle sueur de fièvre. Et comme il était joyeux, le brave enfant, quand je lui apportai les quelques louis tirés de sa prose ! Il n’y voulait pas croire, les tournait, les retournait devant lui, pendant que, des lits voisins, des têtes curieuses se penchaient vers ce bruit d’or inhabituel. De ce jour, l’hôpital s’embellit pour lui de l’étude qu’il en faisait. Il sortit quelque temps après, par un élan de jeunesse ; seulement les internes qui le soignaient ne me cachèrent pas son état grave. La blessure existait toujours, prête à s’ouvrir, inguérissable, surtout si le malheureux se remettait au dur métier du fer et des machines. Je me souvins alors qu’au même âge et dans une crise de santé assez sérieuse, un séjour de quelques mois en Algérie m’avait fait le plus grand bien. Je m’adressai au préfet d’Alger que je connaissais un peu, lui demandant un emploi