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meure qui commence en château, large perron, terrasse italienne à pilastres, et se termine en murailles de mas campagnard, avec les perchoirs pour les paons, la vigne au-dessus de la porte, le puits dont un figuier enguirlande les ferrures, les hangars où reluisent les herses et les araires, le parc aux brebis devant un champ de grêles amandiers qui fleurissent en bouquets roses vite effeuillés au vent de mars. Ce sont les seules fleurs de Montauban. Ni pelouses, ni parterres, rien qui rappelle le jardin, la propriété enclose ; seulement des massifs de pins dans le gris des roches, un parc naturel et sauvage, aux allées en fouillis, toutes glissantes d’aiguilles sèches. À l’intérieur, même disparate de manoir et de ferme, des galeries dallées et fraîches, meublées de canapés et de fauteuils Louis XVI, cannés et contournés, si commodes aux siestes estivales ; larges escaliers, corridors pompeux où le vent s’engouffre et siffle sous les portes des chambres, agite leurs lampas à grandes raies de l’ancien temps. Puis, deux marches franchies, voici la salle