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vers Paris : « Oh ce Daudet… si un coup, il descend par ici… » comme dans l’histoire de Barbebleue : « Descends-tu… ou si je monte ! »

Et sans rire, une fois Tarascon est monté.

C’était en 1878, quand la province foisonnait dans les hôtels, sur les boulevards et ce pont gigantesque jeté entre le Champ-de-Mars et le Trocadéro. Un matin, le sculpteur Amy, Tarasconais nationalisé Parisien, voyait pointer chez lui une formidable paire de moustaches venues en train de plaisir, sous prétexte d’Exposition universelle, en réalité pour s’expliquer avec Daudet au sujet du brave commandant Bravida et de la Défense de Tarascon, un petit conte publié pendant la guerre.

Qué ?… nous y allons chez Daudet !

Ce fut leur premier mot, à ces moustaches tarasconaises, en entrant dans l’atelier ; et, quinze jours durant, le sculpteur Amy n’eut que cette phrase aux oreilles : « Et autrement, où le trouve-t-on ce Daudet ? » Le malheureux artiste ne savait plus qu’imaginer pour m’épargner cette apparition