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de partir avec lui… Mais tu étais là, toi, tu ne comprenais pas bien ce qui se passait, mais tu avais peur, et tu criais. Ah ! dès ton premier cri, j’ai senti que ma vie ne m’appartenait pas, que je n’avais pas le droit de partir… Alors, je t’ai pris dans mes bras, je t’ai souri, j’ai chanté pour t’endormir, le cœur gros de larmes, et, quoique veuve pour toujours, aussitôt que j’ai pu, j’ai quitté mes coiffes noires pour ne pas attrister tes yeux d’enfant… (Avec un sanglot.) Ce que j’ai fait pour lui, il pourrait bien le faire pour moi, maintenant… Ah ! les pauvres mères… comme nous sommes à plaindre !… Nous donnons tout, on ne nous rend rien. Nous sommes les amantes qu’on délaisse toujours… Pourtant nous ne trompons jamais, nous autres, et nous savons si bien vieillir…

chœur, au dehors.

 
Sur un char.
Doré de toutes parts,
On voit trois rois graves comme des anges ;
Sur un char,
Doré de toutes parts.
Trois rois debout parmi les étendards !

(Tambourins et danses.)

rose.

Quelle nuit !… quelle veillée !… (La porte ile la chambre s’ouvre vivement.) Qui est là ?