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madame jourdeuil.

Oh ! pas si loin. (Henri se rapproche encore plus près que la première fois.) Là ! (Croisant les bras.) Comment, monsieur, vous n’avez qu’un malheureux jeudi par semaine pour venir embrasser votre mère, et vous trouvez que c’est trop.

henri.

Si tu savais, j’ai eu tant affaire hier ; Namoun a dû vous le dire.

madame jourdeuil.

Oui, mais je ne l’ai pas cru… Ma première idée a été : « Il est malade. »

henri.

Allons donc ! Est-ce qu’on est malade ?

madame jourdeuil.

Avec ça que tu es bien portant… Depuis quelque temps, tu changes, tu maigris…

henri.

Moi ? je maigris ?…

madame jourdeuil.

Voyons tes mains. (Elle lui passe son alliance à l’un des doigts.) Tiens ! il y a deux mois, mon alliance ne pouvait pas entrer. Maintenant, regarde… jusqu’au bout !… Tu vois bien que tu maigris… Ce n’est pas étonnant, avec la vie que tu mènes…

henri, souriant.

Quelle vie crois-tu que je mène ?