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petit malheur, nous dînerons une heure plus tard. (Remplissant les verres.) Allons, encore un coup pour nous faire prendre patience… (Levant son verre.) Mon vieux Pierre, tu sais… ma foi ! tant pis… il faut que je te tutoie… Ça te va-t-il ?

franqueyrol.

Ça me va !

madame jourdeuil.

Oh ! mon ami.

franqueyrol.

Laissez donc, c’est charmant…

le père jourdeuil.

Voyons, est-ce qu’il n’est pas de la famille, et du bâtiment, par-dessus le marché ? (À Franqueyrol.) Car tu es artiste, toi aussi, je le sais. Ne dis pas que tu ne l’es pas, tu l’es…

madame jourdeuil.

Oui, Henri nous a dit que vous aviez fait de la peinture, autrefois.

franqueyrol.

Juste assez pour admirer la sienne.

le père jourdeuil, entre ses dents.

Oh ! admirer… blagueur !…

franqueyrol.

J’aurais peut-être pu devenir un peintre, moi aussi ; mais ma nature s’y opposait. Vous savez comme Henri m’a surnommé, Pierre Franqueyrol dit Pierre-qui-roule… Eh bien ! toute ma destinée tient dans