Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

louise, par la porte entr’ouverte, on la voit dans la cuisine quitter dare dare son tablier et rabaisser ses manches.

Ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai, il serait noir comme l’oncle Tom, que cela ne m’empêcherait pas de l’embrasser. (Elle accourt.) Et de bon cœur, encore.

franqueyrol.

À la bonne heure ! (Il l’embrasse à pleines joues.)

madame jourdeuil.

À nous deux, maintenant. (Elle le fait asseoir.) Mettez-vous là que je vous voie, que je vous regarde bien à mon aise.

franqueyrol, riant.

Faites…, maman,… ne vous gênez pas.

madame jourdeuil.

Ainsi, c’est vous, vous voilà… voilà l’homme à qui je dois d’avoir encore mon enfant.

franqueyrol.

Boun Diou ! Qu’est-ce que vous allez chercher là… mais c’est de l’histoire antédiluvienne.

louise, gravement.

Trente et un juillet mil huit cent soixante, juste six ans aujourd’hui.

franqueyrol.

Té ! cette rencontre, d’arriver ce jour-là… Ma foi !… tant pis ! j’ai l’air de l’avoir fait exprès… c’est prétentieux…