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madame jourdeuil.

Exquis. (Retournant à son registre). Je pose quatre. Je pose…

louise.

C’est Henri qui va être étonné ! Lui qui dit toujours : « Pour les crèmes, il n’y a que maman. » Voyons, est-ce que tu as jamais rien fait d’aussi pur ?…

madame jourdeuil.

Moi ? jamais. Et je retiens deux.

louise, éclatant de rire.

Encore !… Mais, maman, il y a une heure que tu retiens deux ; tu ne peux pourtant pas retenir deux comme cela toute la vie.

madame jourdeuil.

Allons, allons, fillette, laisse-moi faire mes comptes. Tu ne songes pas que c’est le trente et un aujourd’hui, petite malheureuse.

louise.

Mais si, j’y songe ; j’y songe même plus que toi, que c’est le trente et un… Le trente et un juillet.

madame jourdeuil.

Ah mon Dieu ! quoi donc ? Tu me fais peur… Est-ce que nous avions quelque chose à payer ? Pourtant mon cahier d’échéances…

louise.

Mais non… mais non… il ne s’agit point d’échéances. Est-ce que l’on fait de belles crèmes dans ce