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tions où l’instinct d’un peuple se confesse, jusqu’aux cris des vendeuses d’eau fraîche, des marchands de berlingots et d’azeroles de nos fêtes foraines, jusqu’aux geignements de nos maladies que l’imagination grossit et répercute, presque toutes nerveuses, rhumatismales, causées par ce ciel de vent et de flamme qui vous dévore la moelle, met tout l’être en fusion comme une canne à sucre ; noté jusqu’aux crimes du Midi, explosions de passion, de violence ivre, ivre sans boire, qui déroutent, épouvantent la conscience des juges, venus d’un autre climat, éperdus au milieu de ces exagérations, de ces témoignages extravagants qu’ils ne savent pas mettre au point. C’est de ce cahier que j’ai tiré Tartarin de Tarascon, Numa Roumestan, et plus récemment Tartarin sur les Alpes. D’autres livres méridionaux y sont en projet, fantaisies, romans, études physiologiques : Mirabeau, marquis de Sade, Raousset-Boulbon, et le Malade Imaginaire que Molière a sûrement rapporté de là-bas. Et même de la grande histoire, si j’en crois cette ligne ambitieuse dans un coin du petit