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de la piste il se fait un joyeux vacarme.

Les courses de Guérande sont de deux sortes : il y a d’abord la course citadine, un de ces steeple-chases de province comme nous en avons vu cent fois. Des cartes vertes aux chapeaux, quelques rares voitures rangées dans l’enceinte, des effets d’ombrelles et de robes traînantes, le tout à l’imitation de Paris ; cela ne peut être intéressant pour nous ; mais les courses de mulets et de chevaux du pays nous ont singulièrement amusé. C’est le diable de mettre en ligne ces petits mulets bretons doublement entêtés. La musique, les cris, le bariolage des tribunes les effrayent. Il y en a toujours quelqu’un qui emporte son cavalier en sens contraire, et il faut du temps pour le ramener. Les gars qui les montent ont des bonnets catalans de couleur écarlate, la veste pareille, de grandes braies courtes et flottantes, les jambes et les pieds nus ; pas de selles, seulement des brides que les mulets tirent de côté avec un mauvais vouloir remarquable. Enfin les voilà partis. On les aper-