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d’un volet mal clos. Partout la lanterne de Divonne avait passé comme chaque soir ; et après un long regard à la chambre de sa mère, l’adieu de tout son cœur à sa maison d’enfance qui le repousse elle aussi, il s’est enfui désespéré avec un remords qui ne le quitte plus.

D’ordinaire, pour ces absences de durée, ces traversées aux dangereux hasards de la mer et du vent, les parents, les amis, prolongent les adieux jusqu’à l’embarquement définitif ; on passe la dernière journée ensemble, on visite le bateau, la cabine du partant afin de mieux le suivre dans sa route. Plusieurs fois par jour, Jean voit passer devant l’hôtel de ces affectueuses reconduites, parfois nombreuses et bruyantes ; mais il s’émeut surtout d’un groupe familial à l’étage au-dessous du sien. Un vieux, une vieille, des gens de campagne à tournure aisée, en veste de drap et cambrésine jaune, sont venus accompagner leur garçon, l’assistent jusqu’au départ du paquebot ; et penchés à leur fenêtre, dans le désœuvrement de l’attente, on les voit tous les