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soleil de l’année, un ciel bleu où couraient des nuées roses, d’un rose de bruyère des bois. L’heure n’était pas loin des sabots remplis de paille chaude, ni du petit somme à deux, de chaque côté d’un feu de souches. Heureusement il leur arriva une distraction.

Il la trouva un soir très émue. Olympe venait de lui raconter l’histoire d’un pauvre petit enfant, élevé au Morvan par une grand-mère. Le père et la mère à Paris, marchands de bois, n’écrivaient plus, ne payaient plus depuis des mois. La grand-mère morte subitement, des mariniers avaient ramené le mioche par le canal de l’Yonne pour le remettre à ses parents ; mais, plus personne. Le chantier fermé, la mère partie avec un amant, le père ivrogne, failli, disparu… Ils vont bien les ménages légitimes !… Et voilà le pauvre petit, six ans, un amour, sans pain ni vêtements, à la rue.

Elle s’émouvait jusqu’aux larmes, puis tout à coup :

— Si nous le prenions… veux-tu ?

— Quelle folie !

— Pourquoi ?…

Et, de bien près, le câlinant :