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dévouement, des lettres touchantes qu’elle écrivait, vanta surtout la résolution courageuse qu’elle avait prise de travailler, ce qui sembla tout naturel à la paysanne :

— Car enfin, il faut travailler pour vivre.

— Pas ce genre de femmes-là… dit Césaire.

— C’est donc une rien du tout avec qui Jean vivait !… Et tu es allé là-dedans ?…

— Je te jure, Divonne, que depuis qu’elle le connaît il n’y a pas de femme plus chaste, plus honnête… L’amour l’a réhabilitée.

Mais c’étaient des mots trop longs, Divonne ne comprenait pas. Pour elle, cette dame rentrait dans ce rebut qu’elle appelait « les mauvaises femmes », et la pensée que son Jean était la proie d’une créature pareille l’indignait. Si le consul se doutait de cela !…

Césaire essayait de la calmer, assurait par tous les plis de sa bonne face un peu grivoise qu’à l’âge du garçon on ne pouvait se passer de femme.

— Té, pardi ! qu’il se marie, dit elle avec une conviction attendrissante.

— Enfin ils ne sont déjà plus ensemble, c’est toujours ça…

Et alors, d’un ton grave :

— Écoute, Césaire…