Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ta mère dans sa chambre heureusement, tu nous vois tous à la salle, attendant les petites ; on les appelle par le clos, le berger souffle avec sa grosse coquille à ramener les brebis, puis Césaire d’un côté, moi d’un autre, Rousseline, Tardive, nous voilà tous à galoper dans Castelet et, chaque fois, en nous rencontrant : « Eh bien ? – Rien vu. » À la fin on n’osait plus demander ; le cœur battant, on allait au puits, au bas des hautes fenêtres du grenier… Quelle journée !… et il me fallait monter à tout moment près de ta mère, sourire d’un air tranquille, expliquer l’absence des petites en disant que je les avais envoyées passer le dimanche chez leur tante de Villamuris. Elle avait paru le croire ; mais tard dans la soirée, pendant que je la veillais, guettant derrière la vitre les lumières qui couraient dans la plaine et sur le Rhône à la recherche des enfants, je l’entendis qui pleurait doucement dans son lit ; et comme je l’interrogeais : « Je pleure pour quelque chose que l’on me cache, mais que j’ai deviné tout de même… », me répondit-elle de cette voix de petite fille qui lui est