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ROSE ET NINETTE

la femme de chambre derrière lui verrouillait, cadenassait avec le plus grand soin.

Immobile, Fagan se tenait dans l’escalier, témoin muet de cette scène et se demandant quel parti prendre, quand d’un élan irrésistible il franchit les marches, arriva droit dans le salon, où Mme  Hulin, affaissée au bord d’un divan, les cheveux dénoués, le regard perdu, se remettait à peine de son drame. Un grand feu de bois l’éclairait seulement, par saccades.

« Entrez, entrez, » dit-elle les mains tendues. Ces mains étaient glacées et grelottantes.

Il murmura :

« Vous appeliez… Je suis venu. »

Et elle, plus bas encore :

« Oh ! oui, j’ai eu bien peur. »

Sans l’embarrasser de quelque indiscrète question, il se contenta de dire :

« Comment va Maurice ?

— Il dort… il dort, le cher petit. Heureusement il ne s’est pas réveillé : on lui a tant donné de chloroforme !

— Alors, l’opération a réussi ?

— Au delà de toute espérance. »

Annette rentrait, inondant le salon de la lumière joyeuse de sa lampe :

« Pas de danger qu’il revienne : j’ai mis la chaîne et la barre. »

Puis apercevant leur voisin :