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ROSE ET NINETTE

neuf… » ou : « Regarde donc le ménage Z…, comme il a vieilli ! » Puis sans se lasser, aux entr’actes, promenant sa lorgnette, elle énumérait les noms connus, constatait tous ces menus faits, ces petits scandales que Paris répète tout un hiver, qui pimentent ses plaisirs, en sont la note aiguë et délicieuse. J’ai mené cette existence de Jaquemart de province assez pour m’en fatiguer et m’en écœurer à la fin, si bien que le vrai fond de notre divorce est cela. »

Mme  Hulin, avec un petit mouvement de tête incrédule :

« On a cependant parlé d’une certaine histoire…

— Ah ! oui… mon flagrant délit à l’hôtel d’Espagne, raconté par tous les journaux… C’est de là, avouez-le, que vous viennent vos mauvaises idées sur moi ? Mais si je vous disais que ce flagrant délit fut combiné avec ma femme ? »

Il continua, devant la stupéfaction de Pauline :

« Trois personnes, jusqu’à ce jour, sont restées confidentes de cette comédie, l’ancienne Mme  de Fagan, moi et le conseiller de Malville… Vous le connaissez ? » fit-il à un geste de Mme  Hulin, suivi d’une affirmation sans parole ; et, d’une haleine, il raconta son aventure conjugale :