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LE TRÉSOR d’ARLATAN

feuille-morte, tournait le coin du gourbi, où elle entra brusquement sur les pas du gardien. Bien qu’elle eût passé rapide et très enveloppée, à je ne sais quelle grâce d’envolement et de jeunesse Danjou avait cru la reconnaître. « Zia ?… chez ce vieux fou ? Jamais, voyons… Qu’irait-elle y faire ?… Et cependant, qui sait ?… »

Il se rappelait le frisson de la petite sous le regard cynique d’Arlatan, le soir où le gardien les avait surpris au coin du feu, le soupçon dont lui-même s’était senti une seconde effleuré d’une aventure possible entre Zia et cet ancien beau de la savane. Pour savoir la vérité il n’avait qu’à faire deux ou trois cents pas dans le pâturage et à se montrer subitement…

Aux premiers coups frappés à la porte, rien ne répondit. Il frappa encore, et, cette fois, le gardien vint ouvrir, tête nue, en lourdes bottes et futaine verte. Il souriait, très droit, très fier, sans la moindre surprise du visiteur qui lui arrivait.

« Entrez, mon cér ami… »

Pendant que grasseyait sa voix rauque, dans la rainure étincelante de ses yeux se lisait clairement : Vous pouvez tout fouiller, tout retourner, ce que vous cherchez n’est plus ici.

« Vous n’êtes donc pas allé à la ferrade, maître Arlatan ? » demandait le Parisien, un peu déçu de se trouver seul avec lui dans