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LE TRÉSOR d’ARLATAN

IV

Ce beau dimanche de février, il devait y avoir abrivade, course et ferrade, aux Saintes-Maries-de-la-Mer. De bonne heure, vous auriez vu Charlon devant sa porte, en train de verser le carthagène à deux gardiens de boeufs, moustachus, balafrés, les pieds dans leurs grands étriers, la taiole aux reins, et tenant en laisse une fine pouliche blanche qui mettait les deux grignons camarguais dans tous leurs états. Justement Danjou, ce matin-là, rentrait de l’espère aux charlottines et s’en venait, à l’habitude, jeter sa chasse, en passant, sur la table de cuisine du mas.

Le garde courut à lui :

« Vé, monsieur Henri, devinez pour qui cette belle poulinière toute harnachée de soie