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ROSE ET NINETTE

à Bastia avec cousin pour faire ses adieux au jeune Rémory prêt à passer sur le continent. La seconde lettre annonçait comme prochaine l’arrivée à Paris de Rose et de Ninette accompagnées de M. et de Mme  La Posterolle ; aussitôt, ces demoiselles accourraient voir leur cher petit père. Suivaient des recommandations hygiéniques, des conseils pour le frais du soir, la brume du jardin, l’emploi d’une certaine flanelle de mouflon avec l’adresse du fabricant.

« C’est très gentil, murmura de Fagan qui écoutait en caressant la blonde tête soyeuse du petit Maurice, très gentil, mais j’aurais eu le temps de mourir plusieurs fois sans les voir. » Mme  Hulin n’insista pas, de peur d’accroître une peine qu’elle sentait profonde, et, le laissant seul avec l’enfant, elle passa dans la pièce à côté, où des gestes énergiques d’Anthyme l’appelaient depuis un moment.

Mademoiselle était là, une longue fille sèche, à lunettes, qui demandait des nouvelles de M. de Fagan.

« De la part ?… » interrogea Mme  Hulin.

L’Anglaise répondit avec arrogance :

« De la part de ses filles.

— Elles sont donc à Paris ?

— Probable… »

Pauline baissa la voix, craignant que le père entendît :

« M. de Fagan va mieux, mais, s’il apprenait