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ROSE ET NINETTE

que c’était pour emmener le petit garçon… Puis il s’en est allé tout seul, et Madame deux jours après. »

Que supposer ?

Dans son angoisse, Fagan passa tous ces premiers jours sans sortir, avec l’attente d’une lettre ou le vague espoir qu’en ouvrant sa fenêtre, un matin, il apercevrait le petit Maurice dans le jardin, les yeux levés vers la chambre de son ami. Mais non, toujours déserte des jeux de l’enfant, la pelouse lui semblait plus grande chaque fois ; et dans l’allée circulaire, cette allée où sa chère Pauline et lui avaient promené tant de douces causeries sans fin, des pousses vertes pointaient du sable, sentant Je départ et l’abandon.

Une fois cependant, à la brusque et prompte façon dont son domestique entra dans la chambre, Régis eut un coup au cœur. Il crut qu’Anthyme lui apportait des nouvelles.

« Non, monsieur ; mais voilà quelque chose de bien plus drôle : les journaux de ce matin qui racontent que Monsieur est devenu fou. »

Cela dit avec l’accent très spécial de mauvaise humeur dont il parlait à Fagan de ses pièces qui ne réussissaient pas, le domestique ouvrit grands les rideaux des fenêtres et tendit à son maître l’entrefilet reproduit dans les deux feuilles les plus lues de Paris. On y annonçait, en termes presque identiques, qu’à la