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Tous les catéchumènes du Père Bataillet, sitôt le missionnaire et les gendarmes partis, retournaient à leur bon instinct de nature.

Pascalon crut même reconnaître, au milieu des danses, la gracieuse silhouette de Likiriki, mais il n’en dit rien, de peur d’affliger son bon maître, qui semblait du reste fort indifférent à tout cela.

Très calme, les mains au dos, dans une historique et marmoréenne attitude, le héros tarasconnais regardait devant lui sans voir, de plus en plus préoccupé des analogies de sa destinée avec celle de Napoléon, s’étonnant de découvrir entre le grand homme et lui mille points de ressemblance, même des faiblesses communes dont il convenait très simplement.

« Ainsi, tenez, disait-il à son petit Las Cases, Napoléon avait des colères terribles ; moi de même, surtout dans mon jeune temps… Par exemple, cette fois, au café de la Comédie, où, discutant avec Costecalde, j’envoyai d’un coup de poing sa tasse et la mienne en mille miettes…

— Bonaparte à Léoben !… remarqua timidement Pascalon.