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« Et dites-moi, monsieur Picard », demanda Mistral au commissaire qui revenait vers nous avec un bon sourire, pas autrement inquiet de savoir Tarascon sur les chemins…

« Y a-t-il longtemps de cette émigration ?

— Six mois.

— Et l’on a pas de leurs nouvelles ?

— Aucune. »

Pécaïre ! Quelque temps après nous en avions des nouvelles, détaillées, précises, assez pour me permettre de vous conter l’exode de ce vaillant petit peuple à la suite de son héros, et les formidables mésaventures qui les assaillirent.


Pascal a dit : « Il faut de l’agréable et du réel ; mais il faut que cet agréable soit lui-même pris du vrai. » J’ai tâché de me conformer à sa doctrine dans cette histoire de Port-Tarascon.

Mon récit est pris du vrai, fait avec des lettres d’émigrants, le « mémorial » du jeune secrétaire de Tartarin, des dépositions empruntées à la Gazette des Tribunaux ; et