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quoiqu’il y eût parmi eux des tireurs très adroits, tels que le marquis des Espazettes, et tous pénétrés des principes de Tartarin, deux temps pour la caille, trois temps pour la perdrix.

Le diable, c’est qu’il n’y avait ni perdrix, ni cailles, ni rien de semblable, pas même de goélands ni de mouettes, aucun oiseau de mer n’abordant jamais ce côté de l’île.

On ne rencontrait dans les excursions de chasse que quelques porcs sauvages, mais si rares ! ou des kangourous, d’un tir très difficile à cause de leurs bonds sautillants.

Tartarin ne pouvait dire au juste combien il fallait compter pour cet animal. Un jour le marquis des Espazettes l’interrogeant à ce sujet, il répondit un peu au hasard :

« Comptez six, monsieur le marquis… »

Des Espazettes compta six et n’attrapa rien qu’un gros rhume sous la pluie à torrents et indiscontinue.

« Il faudra que j’y aille moi-même, » dit Tartarin ; mais il remettait toujours la partie, à cause du mauvais temps, et la venaison se faisait de plus en plus rare. Certainement les gros lézards n’étaient pas mauvais, mais à force d’en manger on prenait en