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Je ne vois guère que le Gouverneur qui connaisse vraiment son affaire. Ah ! celui-là, il sait tout, il a tout vu, tout lu, se représente surtout les choses avec une vivacité !… Malheureusement il est trop bon et ne veut jamais croire au mal. Ainsi encore maintenant il a confiance au Belge, à ce scélérat, à cet imposteur de duc de Mons ; il espère encore le voir arriver avec des colons, des provisions, et tous les jours quand j’entre dans sa chambre, son premier mot est : « Pas de navire en vue, ce matin, Pascalon ?… »

Et dire qu’un homme aussi bienveillant, un si excellent Gouverneur, a des ennemis ! Oui, des ennemis déjà, il le sait et ne fait qu’en rire. C’est tout naturel qu’on m’en veuille, me dit-il quelquefois, puisque je suis l’État de choses. »


8 octobre. — Passé la matinée à établir un tableau de recensement que je donne ici. Ce document sur l’origine de la colonie aura cela d’intéressant qu’il a été dressé par un des fondateurs, un des ouvriers de la première heure.