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XX

UN BAPTÊME


Le grand jour, en Aps, c’est le lundi, le jour du marché.

Bien avant l’aube, les routes qui conduisent à la ville, ces grands chemins déserts d’Arles et d’Avignon où la poussière a l’aspect tranquille d’une tombée de neige, s’agitent au lent grincement des charrettes, aux caquets des poules dans leurs claires-voies, aux abois des chiens galopants, à ce ruissellement d’averse que fait le passage d’un troupeau, avec la longue roulière du berger qui se dresse portée par une houle bondissante. Et les cris des bouviers haletant après leurs bêtes, le son mat des coups de trique sur les flancs rugueux, des silhouettes équestres armées de tridents à taureaux, tout cela s’engouffre à tâtons sous les portails dont les créneaux festonnent le ciel constellé, se répand sur le Cours qui cerne la ville endormie reprenant à cette heure son caractère de vieille cité romaine et sarrasine,