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En rentrant, elle signifia à ses hommes plus craintifs qu’elle-même, qu’ils n’eussent plus à parler de l’affaire ; mais ne toucha mot de l’argent reçu. Guilloche qui le soupçonnait, cet argent, employa tous les moyens pour en prendre sa part, et n’ayant obtenu qu’une indemnité minime, garda terriblement rancune aux Valmajour.

— Eh bien dit-il un matin à Audiberte pendant qu’elle brossait sur le palier les plus beaux habits du musicien encore couché. Eh bien, vous voilà contente… Il est mort enfin.

— Qui donc ?

— Mais Puyfourcat, le cousin… C’est sur le journal…

Elle eut un cri, courut dans la maison, appelant, pleurant presque :

— Mon père !… Mon frère !… Vite… l’héritage !

Tous émus, haletant autour de l’infernal Guilloche, il déplia l’Officiel, leur lut très lentement ceci : « En date du 1er octobre 1876, le tribunal de Mostaganem a, sur la requête de l’administration des domaines, ordonné la publication et affichage des successions ci-après… Popelino (Louis) journalier… Ce n’est pas ça… Puyfourcat (Dosithée)… »

— C’est bien lui… dit Audiberte.

L’ancien crut devoir s’éponger les yeux :

« Pécaïré ! Pauvre Dosithée… »

Puyfourcat, décédé à Mostaganem le 14 janvier 1874, né à Valmajour, commune d’Aps…

La paysanne impatientée demanda :