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invitations dans le faubourg de Saint-Germeïn, qu’il n’y pouvait pas suffire. Des duchesses, des comtesses qui lui écrivaient sur des billets à odeur, avec des couronnes à leur papier comme sur les voitures qu’elles envoyaient pour le prendre… Eh bien non, il n’était pas content, le povre !

Tout cela, chuchoté près d’Hortense, lui communiquait un peu de la fièvre et du magnétique vouloir de la paysanne. Alors, sans regarder, elle demandait si Valmajour n’aurait pas, peut-être, une promise qui l’attendait là-bas, au pays.

— Lui, une promise !… Avaï, vous le connaissez pas… Il s’en croit trop pour vouloir d’une paysanne. Les plus riches se sont mises après lui, celle des Combette, une autre encore, et des galantes, vous savez bien !… Il les a pas seulement regardées… Qui sait ce qu’il roule dans sa tête !… Oh ! ces artistes…

Et ce mot, nouveau pour elle, prenait sur ses lèvres ignorantes une indéfinissable expression, comme du latin de la messe ou quelque formule cabalistique ramassée dans le Grand-Albert. L’héritage du cousin Puyfourcat revenait très souvent aussi dans cet adroit bavardage.

Il est peu de familles du Midi, artisanes ou bourgeoises, qui n’aient leur cousin Puyfourcat, le chercheur d’aventures parti dès sa jeunesse et qui n’a plus écrit, qu’ou aime à se figurer richissime. C’est le billet de loterie à longue échéance, l’échappée chimérique sur un lointain de fortune et d’espoir, auquel on finit par croire fermement. Audiberte y croyait à l’héritage du cousin, et elle