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— Un équipage ! … tu badines ?

— Et des domestiques, et des galons… C’est ça qui en fait un ramage dans l’hôtel.

Alors, au milieu de leur silence admirant, elle raconta, mima son expédition. D’abord et d’une, au lieu de demander après le ministre, qui ne l’aurait jamais reçue, elle s’était fait donner l’adresse, – on a tout ce qu’on veut en parlant poliment, – l’adresse de la sœur, cette grande demoiselle qui était venue avec lui à Valmajour. Elle ne demeurait pas au ministère, mais chez ses parents, dans un quartier de petites rues mal pavées, avec des odeurs de droguerie, rappelant à Audiberte sa province. Et c’était loin, et il fallait marcher. Enfin elle trouvait la maison, sur une place où il y avait des arcades, comme autour de la placette, en Aps. Ah ! la brave demoiselle, qu’elle l’avait bien reçue, sans fierté, quoique ça eût l’air très riche chez elle, des belles dorures plein l’appartement et des rideaux de soie rattachés comme ci comme ça de tous les côtés :

« Eh ! adieu… vous êtes donc à Paris ?… D’où vient ?… Depuis quand ? »

Puis, lorsqu’elle avait su comme Numa las faisait aller, tout de suite elle sonnait sa dame gouvernante, – une dame à chapeau, elle aussi, – et toutes trois partaient pour le ministre. Il fallait voir l’empressement et les révérences jusqu’à terre de tous ces vieux bedeaux qui couraient devant elles pour leur ouvrir les portes.

— Alors, tu l’as vu, le menistre ? demanda timidement Valmajour, pendant qu’elle reprenait son souffle.