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LETTRES DE MON MOULIN.

Mistral se résigne, et de sa voix musicale et douce, en battant la mesure de ses vers avec la main, il entame le premier chant :

D’une fille folle d’amour, — à présent que j’ai dit la triste aventure, — je chanterai, si Dieu veut, un enfant de Cassis, — un pauvre petit pêcheur d’anchois

Au dehors, les cloches sonnaient les vêpres, les pétards éclataient sur la place, les fifres passaient et repassaient dans les rues avec les tambourins. Les taureaux de Camargue, qu’on menait courir, mugissaient.

Moi, les coudes sur la nappe, des larmes dans les yeux, j’écoutais l’histoire du petit pêcheur provençal.




Calendal n’était qu’un pêcheur ; l’amour en fait un héros… Pour gagner le cœur de sa mie, — la belle Estérelle, — il entreprend des choses miraculeuses, et les douze travaux d’Hercule ne sont rien à côté des siens.