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LETTRES DE MON MOULIN.

ne pouvoit venir à la cognoissance de guère des gens, « J’en ay assez de peu, répondit-il. J’en ay assez d’un. J’en ay assez de pas un. »




Je tenais le cahier de Calendal entre mes mains, et je le feuilletais, plein d’émotion… Tout à coup une musique de fifres et de tambourins éclate dans la rue, devant la fenêtre, et voilà mon Mistral qui court à l’armoire, en tire des verres, des bouteilles, traîne la table au milieu du salon, et ouvre la porte aux musiciens en me disant :

— Ne ris pas… Ils viennent me donner l’aubade… je suis conseiller municipal.

La petite pièce se remplit de monde. On pose les tambourins sur les chaises, la vieille bannière dans un coin ; et le vin cuit circule. Puis quand on a vidé quelques bouteilles à la santé de M. Frédéric, qu’on a causé gravement de la fête, si la farandole sera aussi belle que l’an dernier, si les taureaux se comporteront bien, les musiciens se reti-