d’envie d’accepter. Je le pris par la main, et je le fis asseoir près de moi.
Pendant qu’on le servait, le pauvre diable flairait la table avec un petit rire :
— Ça a l’air bon tout ça. Je vais me régaler ; il y a si longtemps que je ne déjeune plus ! Un pain d’un sou tous les matins, en courant les ministères… car, vous savez, je cours les ministères, maintenant ; c’est ma seule profession. J’essaye d’accrocher un bureau de tabac… Qu’est-ce que voulez ? il faut qu’on mange à la maison. Je ne peux plus dessiner ; je ne peux plus écrire… Dicter ?… Mais quoi ?… Je n’ai rien dans la tête, moi ; je n’invente rien. Mon métier, c’était de voir les grimaces de Paris et de les faire ; à présent il n’y a plus moyen… Alors j’ai pensé à un bureau de tabac ; pas sur les boulevards, bien entendu. Je n’ai pas droit à cette faveur, n’étant ni mère de danseuse, ni veuve d’officier sperrior. Non ! simplement un petit bureau de province, quelque part bien loin, dans un coin des Vosges. J’aurai une forte pipe en porcelaine ; je m’appellerai