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LETTRES DE MON MOULIN.

Dauphin l’écoute d’un air fort étonné, puis tout à coup l’interrompant :

— Je comprends bien ce que vous me dites, monsieur l’abbé ; mais enfin est-ce que mon petit ami Beppo ne pourrait pas mourir à ma place, en lui donnant beaucoup d’argent ?…

L’aumônier continue à lui parler à voix basse, et le petit Dauphin a l’air de plus en plus étonné.

Quand l’aumônier a fini, le petit Dauphin reprend avec un gros soupir :

— Tout ce que vous me dites là est bien triste, monsieur l’abbé ; mais une chose me console, c’est que là-haut, dans le paradis des étoiles, je vais être encore le Dauphin… Je sais que le bon Dieu est mon cousin et ne peut pas manquer de me traiter selon mon rang.

Puis il ajoute, en se tournant vers sa mère :

— Qu’on m’apporte mes plus beaux habits, mon pourpoint d’hermine blanche et mes escarpins de velours ! Je veux me faire brave