Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les rossignols.

Tais-toi, bavard, et laisse-nous faire.

Quelquefois, sous la couche froide
Où la mort le tient étendu,
La face blême et le corps roide,
Un défunt se dresse éperdu

Avec des douleurs indicibles,
Il sent, dans l’ombre du tombeau,
Comme des ongles invisibles
Arracher son cœur par lambeau.

Passant, passant, c’est toi qui causes
Cette épouvantable douleur ;
Quand aux morts on vole leurs roses.
On arrache plus qu’une fleur.

les amoureux.

Nous avons fait une mauvaise action en volant ces fleurs… Il semble qu’elles aient des gouttes de sang à leurs tiges… Ces pauvres morts ! c’est une si bonne chose pour eux ces fleurs qui respirent le souvenir !…