Page:Daudet - Les Amoureuses, Charpentier, 1908.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au troisième acte, il est nuit tout à fait… Les deux camarades sortent ensemble de chez la Rose… Le Papillon veut ramener la Bête à bon Dieu chez ses parents, mais celle-ci s’y refuse ; elle est complètement ivre, fait des cabrioles sur l’herbe et pousse des cris séditieux… Le Papillon est obligé de l’emporter chez elle. On se sépare sur la porte en se promettant de se revoir bientôt… Et alors le Papillon s’en va tout seul, dans la nuit. Il est un peu ivre, lui aussi ; mais son ivresse est triste : il se rappelle les confidences de la Bête à bon Dieu, et se demande amèrement pourquoi tant de monde le déteste, lui qui jamais n’a fait de mal à personne… Ciel sans lune ! Le vent souffle, la campagne est toute noire… Le Papillon a peur, il a froid ; mais il se console en songeant que son camarade est en sûreté, au fond d’une couchette