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l’amant

Et les longues soirées d’été, — fenêtres ouvertes, — les senteurs fraîches montant du Luxembourg, dont les grands arbres flottaient dans l’ombre devant nous, l’harmonieux clavier où tes mains erraient au hasard de ton âme. Tout ce cadre adorable de notre passion, toutes ces choses de notre amour, les renieras-tu aussi ?

saint pierre, à la maîtresse.

Là ! je suis curieux de savoir ce que vous avez à répondre.

la maîtresse.

J’ignore ce qu’on veut me dire.

l’amant.

Eh bien ! non, vous verrez qu’elle aura tout oublié, tout ; nos courses dans les bois par les brumeux jours d’automne, et nos longues rêveries au bord des étangs de Chaville ; les pleurs mystérieux qui gonflaient nos yeux ; ces indicibles frissons qui faisaient trembler sa main sur mon bras, mon bras sous sa main, puis nos fins dîners sur l’herbe avec des baisers pour entremets, et ce jour où le garde de Viroflay la surprit grimpée