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Chaperon-Rouge

Allons ! ne songe plus à l’école… Entends-tu les merles qui sifflent là-haut ? Déniche-moi une paire de nids. — Est-ce que les oiseaux vont à l’école, eux ? Cueille des fraises, un plein panier de fraises des bois. Jarni ! c’est un joli goûter ! À l’école, il fait chaud ; ici, tu peux te déshabiller et t’allonger, tout nu, de tout ton long, sur le sable fin du ruisseau. Les arbres se baisseront pour te servir d’éventail et de chasse-mouches. Avec ton couteau, tu tailleras des bateaux dans des morceaux d’écorce ; déchire ton mouchoir pour faire des voiles, et charge-moi tout cela de fourmis bleues et de bêtes à bon Dieu… Tu verras comme on s’amuse.

l’enfant

Ô Jésus ! Marie ! vous parlez comme une vraie musique ! Voulez-vous m’emmener avec vous ? Je vous aime déjà de tout mon cœur.

Chaperon-Rouge, secouant la tête.

Non, Picou ; vois-tu, il vaut mieux que tu restes là ; s’il t’arrivait quelque malheur avec moi, ce me serait un trop grand déplaisir. Viens m’embrasser…