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travail ; pour escorter le vin bleu, rien ne vaut un bon trognon de fromage, quelques ciboules et du gros pain. (Ils mangent et ils causent.)

le rossignol.

Quelle profanation !… Ah çà ! vous autres, n’allez-vous pas faire cesser un pareil scandale ?

les rossignols.

Hélas ! nos voix ne pourraient rien ici ; les oreilles crasseuses de ces rustres sont insensibles comme leurs cœurs ; n’essayons pas même de les émouvoir. Rossignol des bois, fais comme nous, écarte les pattes et trousse ton aile.

les croque-morts.

Tiens ! voilà quelque chose qui tombe dans mon verre… Bon ! sur le fromage maintenant. Satanés oiseaux ! On dirait que cela les amuse. Allons plus loin. (Ils s’éloignent ; le jeu recommence.) Décidément pour biturer à l’aise, rien ne vaut une grosse table de chêne et un coin de taverne bien noir. Allons finir le repas au cabaret, camarades. (Ils sortent.)

le rossignol, enthousiasmé.

Rossignols du cimetière, vous êtes d’adorables bêtes, et je demande à faire partie de la corporation.